Le 30 avril 2025, lors de la septième assemblée plénière pré-conclave des cardinaux, le Cardinal Beniamino Stella, 83 ans, a vivement critiqué le Pape François, décédé le 21 avril, affirme le journaliste vaticaniste Gerard O’Connell dans les colonnes de la revue jésuite America.
Il a notamment reproché au défunt pape d’avoir « contourné la tradition de l’Église » en séparant le pouvoir de gouvernance des ordres sacrés, permettant ainsi aux laïcs et aux femmes d’occuper des postes de direction au Vatican.
Cette intervention a particulièrement surpris les 181 participants (dont 124 électeurs) car Stella s’impose comme une figure particulièrement respectée et crédible au sein de l’Église catholique. Son impressionnante carrière diplomatique témoigne d’une expertise internationale exceptionnelle : après avoir servi comme nonce apostolique dans plusieurs régions complexes (République Centrafricaine, Congo, Tchad, Cuba et Colombie), il a présidé la prestigieuse Académie pontificale ecclésiastique, formant tous les futurs diplomates. Sa nomination comme Préfet de la Congrégation pour le clergé par le Pape François révèle une relation de grande proximité avec le défunt pontife, maintenue pendant près de huit années dans cette fonction cruciale. Paradoxalement, cette intimité avec le cœur du pouvoir lui a permis aussi de développer un regard critique particulièrement lucide sur le pontificat franciscain – critique qu’il a choisi de livrer sans détour aux cardinaux.

À 83 ans, n’étant plus électeur au conclave, le Cardinal Stella peut s’exprimer avec une franchise et une sincérité rares, libéré des considérations politiques et tactiques qui contraignent souvent les discours des cardinaux participants au vote. Cette liberté de parole confère à ses critiques un poids et une légitimité particulièrement significatifs dans le contexte pré-conclave actuel.
Selon plusieurs sources souhaitant rester anonymes, Stella organiserait la campagne en faveur du Cardinal Pietro Parolin, l’ancien Secrétaire d’État, pour succéder à François lors du conclave qui s’ouvrira le 7 mai. L’argument principal serait la nécessité d’avoir « une figure diplomatique et modérée » après un pontificat qui aurait créé « désordre et confusion ». Ces déclarations pourraient être une façon de donner des gages au camp conservateur.
Cette intervention a eu lieu au lendemain de la prise de parole du Cardinal Müller qui avait lui-même chargé le pontificat de François en critiquant notamment le manque de cadre théologique. Le Cardinal Müller avait déclaré dans un article du 28 avril dans La Stampa que le prochain pape devait être « solide sur la doctrine » et « déterminé à résister aux lobbies idéologiques, y compris le lobby gay ». Il avait affirmé que le futur pontife devrait également avoir « une solide formation théologique et doctrinale », et avait appelé à un retour à « l’orthodoxie, la doctrine fondée sur l’Écriture et la tradition apostolique, contre l’hérésie ». Sur la question du mariage, il avait insisté : « La doctrine n’est pas la propriété du pape, des évêques ou des fidèles. Elle doit se conformer à la parole de Jésus, personne ne peut la modifier. Si Jésus dit que le mariage est entre un homme et une femme, personne ne peut changer cette doctrine. »
D’autres critiques ont été formulées pendant ces sessions, notamment par le Cardinal Raymond Burke et le Cardinal Joseph Zen (93 ans) qui a parlé pendant 15 minutes du Synode sur la synodalité, répondant au camp moderniste qui avait insisté les jours précédents sur l’importance de poursuivre le chemin synodal ouvert par François.
La prochaine congrégation générale se tiendra le 2 mai, après une pause pour la fête de Saint Joseph Travailleur le 1er mai.
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