En ce jour symbolique dédié aux travailleurs, le Cardinal Víctor Manuel Fernández, Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, a présidé la célébration eucharistique dans la Basilique Saint-Pierre à l’occasion du sixième jour des Novendiales en mémoire du Pape François. Cette période de neuf jours de deuil et de prière précède traditionnellement l’ouverture du conclave qui désignera le successeur du Souverain Pontife.
Nommé à la tête du Dicastère pour la Doctrine de la Foi en juillet 2023, le Cardinal Fernández était auparavant archevêque de La Plata et a été considéré comme l’un des plus proches conseillers du Pape François.
Une homélie entre souvenir et vision sociale
Dans son homélie prononcée devant la Chapelle Papale et les fidèles rassemblés, le Cardinal Fernández a tissé un portrait émouvant de Jorge Mario Bergoglio, tout en rappelant l’une des préoccupations majeures de son pontificat : la dignité du travail et des travailleurs.
« Le Pape François appartient au Christ, et maintenant qu’il a quitté cette terre, il est pleinement au Christ. Le Seigneur a pris Jorge Bergoglio avec lui depuis son baptême, et tout au long de son existence » a déclaré le Cardinal.
En cette journée internationale du travail, le Cardinal a particulièrement insisté sur l’importance que revêtait cette question pour le défunt pontife : « Pour le Pape François, le travail exprime et nourrit la dignité de l’être humain, lui permet de développer ses capacités, l’aide à enrichir ses relations, lui permet de se sentir collaborateur de Dieu pour prendre soin de ce monde et l’améliorer, le fait se sentir utile à la société et solidaire avec ses proches. »
La vision du travail selon François
Le Cardinal Fernández a rappelé la pensée du Pape François concernant l’importance du travail, en citant ses propres mots : « Le travail est la meilleure aide pour un pauvre » et « il n’y a pas de pauvreté pire que celle qui prive du travail et de la dignité du travail ».
Cette vision s’enracine dans une conviction fondamentale : « La valeur infinie de chaque être humain, une immense dignité qui n’est jamais perdue, qui en aucun cas ne peut être ignorée ou oubliée. »
Critique de la méritocratie
Dans un passage particulièrement incisif, le Cardinal a évoqué la critique que faisait François de certaines conceptions de la méritocratie : « Une chose est d’évaluer les mérites d’une personne et de récompenser ses efforts. Autre chose est la fausse ‘méritocratie’, qui nous amène à penser que seuls ceux qui ont réussi dans la vie ont des mérites. »
« La question qui revient est toujours la même », a souligné le Cardinal, « les moins doués ne sont-ils pas des personnes humaines ? Les faibles n’ont-ils pas la même dignité que nous ? Ceux qui sont nés avec moins de possibilités doivent-ils se contenter de survivre ? N’ont-ils pas la possibilité d’avoir un travail qui leur permette de grandir, de se développer, de créer quelque chose de meilleur pour leurs enfants ? De la réponse que nous donnons à ces questions dépend la valeur de notre société. »
François, un travailleur infatigable
Le Cardinal Fernández a également présenté le Pape François comme un travailleur exemplaire. « Il ne prenait jamais de vacances », a révélé le Cardinal. « À Buenos Aires, en été, si vous ne trouviez pas un prêtre, vous le trouviez certainement lui. Quand il était en Argentine, il ne sortait jamais dîner, au théâtre, se promener ou voir un film, il ne prenait jamais un jour complètement libre. »
Ce dévouement au travail était pour François l’expression de sa mission : « Son travail quotidien était sa réponse à l’amour de Dieu, c’était l’expression de sa préoccupation pour le bien des autres. Et pour ces raisons, le travail lui-même était sa joie, sa nourriture, son repos. »
Le Cardinal a conclu son homélie en évoquant la dévotion particulière du Pape François envers saint Joseph, « ce fort et humble travailleur », demandant au saint patron des travailleurs « de donner une forte accolade à notre cher Pape François au ciel ».
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